Suite des vacances de Monsieur René BARBIN qui a écrit en 1934, aux éditions CORYMBE un petit livre appelé « SAINT CAST VUE PAR UN TOURISTE .
« Le débarquement des voyageurs en gare de Saint Cast est assez triste, on croirait contempler un convoi funèbre ou mieux, des émigrants fuyant devant un immense danger ».
Il a un regard étonnant sur notre colonne de la bataille de 1758 : « de loin, on imagine une vieille cheminée d’usine sur laquelle une cigogne aurait bâti son nid […] Je suis bien certain que, si les anglais avaient pu deviner que le monument dût être si affreux, ils auraient hésité à débarquer dans la baie » …
Il fait un joli jeu de mots en parlant du lévrier français qui terrasse le Léopard anglais. « Le léo-part mais le monument reste » …
Dans ces années trente, existait déjà sur le boulevard « du Ponchel (sic) » un fabriquant de sucettes. Le confiseur « lave son marbre à grand eau et l’essuie avec soin » mais… j’ai vu cependant beaucoup de personnes s’étonner qu’avec des ongles aussi noirs, le fabricant puisse obtenir des sucettes aussi blanches. Mais je suis sûr que cette année il va nettoyer ses ongles ! ».
Monsieur BARBIN utilise constamment au cours de son livre le terme « les baigneurs » pour parler des vacanciers de Saint Cast. Nos parents et grands-parents utilisaient beaucoup ce terme. A l’époque, la grande majorité (voire la totalité !) des Castins et Guildocéens ne se baignaient jamais et trouvaient les « baigneurs » iconoclastes dans leur façon d’aimer la « thalasso ». A une habitante du tertre Bel Haut, on avait demandé dans ces mêmes années : « Mère Machin ? Vous êtes-vous déjà baignée ? » Elle répondit « Non feu, pas, moi, jamais mon cul n’a vu l’ieau ! ».
Monsieur BARBIN continue ses analyses sur différents aspects de notre commune.
Le marché : « il a lieu 2 fois par semaine et se compose de trois tables sur lesquelles des paysannes des environs viennent vendre très cher des produits défraîchis ».
La nourriture : « si vous désirez une nourriture sortant un peu de l’ordinaire, vous ne trouverez rien à Saint Cast, il faut aller à Dinard où, comme à Paris, vous avez un choix abondant ».
Cela doit être de cette période que date le goût, encore persistant, pour certains d’aller toutes les semaines au marché de Dinaaaard…
Les promenades en mer : « dans les hôtels, à l’heure du déjeuner, des marins vont de table en table offrir leur service. Pour une petite croisière devant avoir lieu l’après-midi ou le lendemain.
Les hommes, avant d’entreprendre ce périlleux voyage de deux cents mètres ( !) en mer, croient absolument nécessaire de revêtir une tenue spéciale ; les uns avec de vieux vêtements rustiques en grosse toile voudraient passer pour d’authentiques loups de mer, mais leur tenue trop propre et trop neuve ne parvient pas à donner cet aspect ; d’autres plus raffinés posent sur leur « chef » une casquette blanche d’amiral en essayant de compléter l’ensemble dans ce sens ».
La médecine : « Les soins pharmaceutiques et médicaux sont nettement insuffisants. Un seul médecin réside à Saint Cast et ses préoccupations sont plus œnologiques que thérapeutiques »…Je rappelle que c’est un témoignage de 1935!
Durant plus de 80 pages, M BARBIN a la dent dure. Mais dans son chapitre « conclusion »,
il déclare quand même son amour pour Saint Cast.
" Oui, Saint Cast, je t’aime !Je t’aime comme tu es .Saint Cast tu es, Saint Cast tu dois rester.
Tu n’as pas de Dinard le luxe tapageur. Tu ne reçois pas, comme Deauville, les vedettes
de la scène, de la finance et de la prison (SIC- ?). On ne ressent pas trop chez toi ,les entraves à la liberté ainsi qu’aux Sables d’Olonne ».
Il aurait fallu demander à Monsieur Barbin ce qu’il sous-entendait dans ses allégations étranges sur Deauville et les Sables d’Olonne…